Des acteurs fétiches :
Abel Ferrara fait partie de ces réalisateurs possédant ses acteurs fétiches. Avec Go Go Tales, Matthew Modine joue ainsi pour la troisième fois de sa carrière dans un film du cinéaste américain, après The Blackout (1997) et Mary (2005). Quant à Willem Dafoe et Asia Argento, c'est la deuxième fois qu'ils apparaissent dans un long métrage du metteur en scène de Bad Lieutenant, après New Rose Hotel en 1998.
Inspiré de son propre vécu
Go Go Tales met en scène un club de gogo danseuses que le réalisateur Abel Ferrara a lui-même longtemps fréquenté. Il raconte : "Notre bar fétiche se trouvait dans une église gothique transformée en cauchemar rock'n roll appelé The Limelite. Ce club était tenu par un gang de pirates à la mode et Nicky D. en était le saint patron. Pour je ne sais quelle raison, le quartier était devenu le paradis des clubs de striptease. Leurs noms changeaient selon les saisons, mais pas les employés. Habillés en smoking, la coupe en brosse, ils maintenaient fermée la frontière qui les séparait du monde extérieur. L'unique moyen d'entrer était de porter un costume et une carte de crédit habituée à l'argent facile, celui qui sert à acheter une lap dance. L'ironie résidait dans le fait que c'était les mecs bossant là-bas qui étaient les acteurs, et non les femmes. Videurs, Dj, et barmans passaient des auditions, rêvaient de célébrité. Contre toute attente, quelques-uns réussissaient. Je faisais mon entrée dans le repère comme un prince, et une fois à l'intérieur, les filles m'éblouissaient au premier coup d'œil. Elles étaient vraiment fabuleuses : grandes, cool et déchaînées. Peut-être était-ce la combinaison de leurs corps presque nus dansant pour des hommes bien sapés, et de la musique qui semblait toujours meilleure que partout ailleurs, qui rendait les souvenirs si vivants", confie-t-il. C'est d'ailleurs au cours de l'une des ces soirées qu'Abel Ferrara croisa le chemin d'un Leonardo DiCaprio "disparaissant sous une pile de bondes" encore assez jeune pour l'appeler "Monsieur Ferrara". Quant à Matt Dillon, lui aussi inscrit aux abonnés présents, "il était le seul à focaliser l'attention des filles", se souvient le cinéaste.