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Sous les drapeaux l'enfer (1972)

Gunki hatameku motoni

Drame | 96 Min | Japon

Réalisateurs : Kinji Fukasaku

Infos sur le film

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Synopsis

La veuve d'un sergent enquête sur la mort de son mari pendant la seconde Guerre Mondiale. Le ministère des armées refuse de lui verser une pension sous pretexte que celui-ci aurait été fusillé pour désertion.

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En savoir plus sur ce Film

- Oeuvre de Shoji Yuki.


Témoignage passionnant des conditions de vie des soldats japonais pendant la dernière guerre, Sous les drapeaux, l'enfer  est avant tout un film anti-militariste d'une puissance rare et parfaitement orchestrée. Construit autour du rythme de la compréhension du personnage féminin principal, le film nourrit, grâce aux différents témoignages qui constituent autant de points de vue, un crescendo de violence dont on ne peut apprécier l'horrible absurdité qu'une fois toutes les pièces du puzzle mises en place. Ici, l'intrigue autour du véritable motif de l'exécution du soit-disant déserteur n'est qu'un prétexte pour dévoiler la réalité de la guerre, et surtout les mensonges hypocrites qui ont suivi la défaite japonaise - que ce soit à échelle personnelle ou gouvernementale. Sous les drapeaux, l'enfer  dresse le portrait d'une nation obsédée par l'idée d'un monde meilleur, qui en vient à entrer en guerre contre elle-même - y compris une fois les affrontements terminés - dans le but de justifier ses agissements ou, au contraire, de les dissimuler.



Pour parvenir à son but, Fukasaku fait preuve d'une maîtrise de la mise en scène qui laisse pantois : changements de supports (film/ documentaire/ photos d'archive), passage du noir et blanc à la couleur (et inversement) au sein d'un même présent de narration, arrêts sur images qui ont pour effet d'accélérer l'action plutôt que de la figer... Tous ces artifices parfaitement maîtrisés, joints à ce sens instinctif du cadrage qui se dégage de tous les films que nous avons pu voir jusqu'à présent (le maintien de la diagonale au cours de bon nombre de séquences filmées à l'épaule est tout simplement hallucinant), entraînent le film vers des sommets d'intensité rarement atteint dans le traitement de la guerre, aussi bien au Japon qu'en Occident. La scène de la véritable explication du crime commis par le protagoniste est une illustration de cette maîtrise de la mise en scène. Dans sa violence et son illogisme, elle rappelle la fin explicative de L'échelle de Jacob, seul succès (incontesté) de la carrière du tâcheron Adrian Lyne.



Tableau d'une noirceur épouvantable, Sous les drapeaux, l'enfer est un film pertinent, manipulateur et pourtant en même temps tellement honnête que sa vision en devient douloureuse. Pas étonnant que le public japonais ait boudé ce chef-d'œuvre miroir qui a su s'affranchir complètement, une fois la narration trompeuse achevée, de tout effet de déformation...



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