Depardieu, bandit lumineux :
Au voleur est l'avant-dernier film à voir sur les écrans de Guillaume Depardieu. L'acteur est décédé un an avant la sortie du film en salles, en octobre 2008. Sa toute dernière apparition se fera dans L'Enfance d'Icare. La réalisatrice évoque son acteur principal : A Guillaume, j'avais demandé de se laisser aller à la lumière, à la forêt, de s'abandonner. Les discussions avec lui ressemblaient parfois à des matches de boxe, mais nous avions passé un pacte de confiance mutuelle. Ça nous a fait du bien à tous les deux. Guillaume était tout en paradoxes, lent dans sa vitesse, diabolique et tendre, chaotique et précis."
Premier larcin :
Au voleur est le premier long-métrage de Sarah Leonor , qui a réalisée ses autres films sous le nom de Sarah Petit. C'est donc Sarah Petit qui apparait au générique des moyens métrages L'Arpenteur, Le Lac et la rivière et du court métrage Les Limbes, mais il s'agit d'une seule et même personne.
Les herbes folles de Woody Guthrie :
A Frank Beauvais, son conseiller musical sur le film, Sarah Leonor a fait écouter une chanson, qu'elle considère comme charnière : Grassy grass grass de Woody Guthrie. Un choix qui a pour le moins inspiré Frank Beauvais. "Frank m'a ensuite proposé une sélection de plusieurs centaines de morceaux, -raconte la réalisatrice- qui visitaient en amont des chants traditionnels et en aval se rapprochaient du rock, en traversant les continents. Comme les personnages, la musique du film remonte le temps, du plus contemporain au plus primitif, avec des percussions algériennes et un chant pygmée." Une aubaine pour la bande originale du film , qui répond à des choix éclectiques. "Je voulais partir des fondements de la musique folk, donc une musique américaine, contestataire, aux accents primitifs. "
Voleurs haut en couleurs :
Sarah Leonor explique les choix chromatiques qu'elle a fait pour son film, très coloré : " je voulais de la couleur, envers et contre la réalité de départ des personnages. Ce n'est pas parce que je montre un quartier périphérique d'une petite ville de l'Est plutôt sinistrée, dont le nom n'est pas précisé mais j'avais Mulhouse en tête en écrivant, que ça doit être forcément terne." Elle a choisi le bleu puis le vert lumineux de la forêt où se cachent les amoureux. "C'est le bleu qui est venu à moi pendant les repérages, lorsque j'ai trouvé l'endroit où habite Bruno. Je cherchais des matières, des peintures écaillées, des couleurs en aplat, pas de fioriture, et des espaces dépourvus d'horizon. Ce bleu tranchant confère une unité à la partie urbaine du film et contraste avec le vert enveloppant de la forêt. Au voleur évolue sur une corde raide entre naturalisme et stylisation, il s'est imposé comme ça, instinctivement, au tournage."