- Pièce de Chekri Ganem.
- Saga "Antar".
Film en N & B et muet.
Contes et légendes d'Orient : Le Roman d'Antar
Antarah ibn Cheddad dit Antar, chevalier du désert et poète de l'Arabie préislamique (« jahiliya »), aurait vécu de 525 à 615 après J.C. Sa bravoure légendaire, son esprit chevaleresque, sa noblesse, sa générosité et la perfection de ses vers le hissent au rang des plus grands poètes et héros du monde arabe. Seuls subsistent de son œuvre de courtes stances lyriques réunies dans le Divan d'Antar et une des sept Muallaqât (75 vers), ces odes qui auraient été brodées en lettres d'or et suspendues à la Ka'ba à la Mecque en raison de leur exceptionnelle beauté. Les versions de la mort d'Antar diffèrent ; selon certains, il aurait péri assassiné par une flèche empoisonnée décochée par un de ses anciens rivaux dont il avait crevé les yeux, mais qui s'était entraîné pendant des années à tirer à l'arc malgré sa cécité en guidant son tir d'après le bruit de sa cible.
Incarnant toutes les vertus amoureuses, morales et guerrières des anciens nomades bédouins, Antar est devenu au XIIème siècle le héros mythique d'une épopée médiévale arabe de chevalerie, le Sîrat Antar d'Abu al-Mu'ayyed Muhammad, qui intègre aux exploits les vertus islamiques. La très populaire histoire d'amour d'Antar avec sa cousine Abla - qui a surtout retenu l'attention des cinéastes - a d'abord été relatée par Al-Asma'i, un poète de la cour de Haroun Al-Rachid (IXème siècle), avant de devenir le noyau de tous les récits des conteurs de rues moyen-orientaux et l'inspiration de romanciers, de peintres et de musiciens. Alphonse de Lamartine introduit des Fragments du Poème d'Antar dans son Voyage en Orient (1835), Nicolas Rimski-Korsakov compose la suite symphonique Antar (retravaillée plusieurs fois entre 1869 et 1903), le Syrien Chekri Ganem retrace la saga au Théâtre de l'Odéon à Paris en 1910, pièce que Gabriel Dupont met en musique pour l'Opéra de Paris en 1921, Diana Richmond publie Antar and Abla : A Bedouin Romance (1984), le compositeur Mustapha al-Kurd fait de la matière le premier opéra palestinien (1988), etc.
Selon l'intrigue du Roman d'Antar, son héros vit en terre de Cherebba, dans le Hedjaz (dont Zoheïr est le roi), au cœur de la tribu bédouine des Banu Abbas. Il est le fils illégitime du cheikh Ibn Shaddad et de Zebiba, une princesse éthiopienne capturée et réduite en esclavage ; à sa naissance, sa mère a été affranchie, mais selon les lois tribales, l'enfant est devenu à son tour l'esclave de son propre père et l'aristocratie du clan le traite avec mépris en raison de son statut inférieur et de la pigmentation négroïde de sa peau ; tandis que les hommes libres guerroient, il est réduit à garder le campement des femmes. Épris de sa cousine Abla, il lui envoie des poèmes enflammés qui, peu à peu émeuvent la jeune fille.