Au-delà de son immense fortune littéraire, le mythe d'Orphée a inspiré de nombreux opéras, par exemple ceux de Monteverdi, Rossi, Gluck ou Offenbach. Le cinéma n'est pas en reste : en 1950 puis en 1960, Jean Cocteau transpose ainsi son Orphée dans la modernité : en 1959, L'Orfeu Negro de Marcel Camus remporte la Palme d'or du Festival de Cannes ainsi que l'Oscar du meilleur film étranger.
A la croisée de ces arts, il existe une autre réécriture du mythe d'Orphée, sous la forme d'un opéra rock, où l'enfer est celui de la drogue. Bien que relativement méconnue, cette œuvre de 1970 est absolument passionnante car elle mélange, combine et associe des langages qui appartiennent à plusieurs arts et à plusieurs époques. Comme dans les films de Jean Cocteau et de Marcel Camus, le mythe est transposé dans le présent de l'œuvre, pour porter un discours social et politique. Et comme dans L'Orfeu Negro, le mythe d'Orphée et Eurydice sert de point de départ et de support à une créativité musicale foisonnante. Dans le contexte carioca du film de Camus, les chansons composées par Antonio Carlos Jobim et Luiz Bonfa sur des textes de Vinicius de Moraes sont devenues des standards de la bossa nova et du jazz. Le mythe sert ainsi de support à des expériences et à un renouveau musical. C'est aussi le cas d'Orfeo 9, qui, comme nous le verrons, mélange la tradition italienne et la modernité américaine.
Autour du film :
Le film est produit pour le secteur expérimental de la Rai, la même Rai qui décide de le censurer après visionnage. Il ne sera diffusé que deux ans plus tard, en 1975, au milieu de la nuit et sans aucune publicité. Cette censure ayant évidemment créé un gros problème de diffusion, Orfeo 9 est resté une œuvre de niche, très appréciée de ceux qui la connaissent, mais peu connue du grand public.