Film en N & B.

"Le lion a des ailes" est un ancêtre de nos docu-fictions, film de guerre ou de propagande destiné, grâce à un mélange de documentaires sur l'effort de guerre britannique et de parties jouées par des acteurs - qui s'enchâssent entre eux et leur donnent vie - à rassurer la population sur la préparation de leurs armées (sur terre, sur les mers et, particulièrement, dans les airs). Le film commence par un historique des promesses non tenues par Hitler, avec ses diverses invasions de territoires et la manière dont les autres pays l'ont laissé faire. En contrepartie de la militarisation à outrance des Allemands, l'effort britannique est montré comme efficace et durable. Cette fois, ils sont prêts et peuvent tenir. La plus grande partie montre les combats de la RAF, expliquant le dispositif qui empêche l'ennemi de prendre le pays au dépourvu et de l'attaquer.

Londres, 3 septembre 1939. Michael Powell tourne Le Voleur de Bagdad quand l'Angleterre déclare la guerre à l'Allemagne. Les prises de vues sont interrompues et le cinéaste, réquisitionné par Churchill, doit livrer au plus vite un film de propagande au triple objectif : présenter Hitler comme un fauteur de guerre, démontrer le potentiel militaire de l'Angleterre et mettre les aviateurs de la Royal Air Force en vedette.

La fin justifiant les moyens, Le lion a des ailes s'embar-rasse rarement de subtilités. Entre deux « épisodes théâtraux assez embarrassants » - pour reprendre l'autocritique de Michael Powell dans ses Mémoires -, le futur réalisateur d'Une question de vie ou de mort réussit des scènes d'aviation puissantes. Avec une belle idée de mise en scène : laisser le spectateur imaginer la violence d'un combat aérien par l'utilisation de la seule voix du pilote.