Récompensé :
Lignes de Front a remporté le Prix du Jury du Festival de Valenciennes, présidé en 2010 par le réalisateur Christian Carion.
Du documentaire à la fiction :
Jean-Christophe Klotz, sélectionné à Cannes en 2006 pour son documentaire Kigali, des images contre un massacre, continue d'explorer les massacres perpétrés au Rwanda, en passant du documentaire à la fiction avec son nouveau film Lignes de front, présenté en 2009 au festival de Locarno. Il a cependant écrit le scénario avec le grand reporter Antoine Lacomblez, ce qui confère au film une dimension qui relève somme toute du documentaire, notamment par son réalisme. D'autre part, Lignes de front s'inspire de sa propre expérience de journaliste impuissant face au génocide.
Un peu d'histoire :
Le génocide des Tutsi au Rwanda se déroule du 7 avril au 17 juillet 1994. Ce génocide s'inscrit historiquement dans un projet génocidaire latent depuis plusieurs décennies, à travers plusieurs phases de massacres de masse, et stratégiquement dans le refus du noyau dur de l'État rwandais de réintégrer les exilés tutsi, objet de la guerre civile rwandaise de 1990-1993. Cette guerre, débutée en 1990, opposait le gouvernement rwandais constitué de Hutu soutenu par la France par l'opération Noroît, au Front patriotique rwandais (FPR), accusé par les autorités de vouloir imposer, par la prise du pouvoir, le retour des Tutsi exilés dans leur pays. Les accords d'Arusha, signés en août 1993, qui prévoyaient cette réintégration afin de mettre fin à la guerre, n'étaient encore que partiellement mis en œuvre à cause de la résistance du noyau dur du régime Habyarimana. L'assassinat du président rwandais le 6 avril 1994 déclenche le génocide des Tutsis par les extrémistes Hutu.
L'ONU estime qu'environ 800 000 Rwandais, en majorité tutsi, ont perdu la vie durant ces trois mois. Ceux qui parmi les Hutus se sont montrés solidaires des Tutsi ont été tués comme traîtres à la cause hutu. D'une durée de cent jours, ce fut le génocide le plus rapide de l'histoire et celui de plus grande ampleur quant au nombre de morts par jour. Il convient de souligner qu'un génocide n'est pas qualifié comme tel en raison du nombre de morts, mais sur une analyse juridique de critères définis à l'époque par la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948 de l'ONU.