- Livre de Philippe Boggio et Jean-Michel Vaquelsy.
Antoine de Caunes se souvient de Coluche :
Antoine de Caunes se souvient d'avoir vu Coluche sur scène au Gymnase, d'être allé à deux reprises à des fêtes chez lui rue Gazan et de l'avoir invité un peu plus tard aux Enfants du Rock. "On s'était retrouvé au studio Ramsès, avec les musiciens du groupe Odeurs et Ramon Pipin, qui a signé la musique du film, confie-t-il. Coluche avait chanté deux rocks et l'on avait enchaîné sur une interview autour d'un énorme pétard qu'il fumait en me vantant les mérites des herbes de Provence ! Donc je peux dire que j'ai approché Coluche, et dans de bonnes conditions, mais ce n'est pas quelqu'un que j'ai intimement connu. Autant j'étais très pote avec Desproges, autant je ne l'ai connu, lui, que d'une manière que je qualifierais de joyeusement mondaine."
Genèse du projet :
Ce sont les producteurs Edouard de Vesinne et Thomas Anargyros qui sont à l'origine du projet et qui ont transmis à Antoine de Caunes un scénario qu'ils avaient préalablement commandé au journaliste Diastème. Au départ, il s'agissait d'un biopic retraçant en gros les vingt dernières années de la vie de Coluche, du café de la Gare à sa fin. "Je le lis avec intérêt, d'abord parce que l'auteur est un ami et qu'il a du talent, se souvient le cinéaste, et je trouve qu'il s'est dépatouillé aussi bien qu'il pouvait d'un exercice de style dont, au final, je ne vois pas l'utilité. Je ne vois pas pourquoi passer par la fiction pour raconter une histoire que l'on connaît à peu près tous, autour d'un personnage qui n'a pas de zone d'ombre à ce point profonde pour qu'on y fasse descendre le bathyscaphe. J'ai vu quinze documentaires sur Coluche, je sais à peu près tout sur lui alors pourquoi moi spectateur irais-je voir un film sur lui au cinéma. Je décline donc, dans un premier temps. Mais en même temps ça me titille. L'idée se met à germer et je me dis qu'il y a quelque chose à faire sur cette période du passage des années 70 aux années 80, celle où la vieille France bascule, où Coluche bascule et où j'entre dans la carrière - sur ce Coluche que j'ai admiré, que j'aime, et dont la parole manque cruellement aujourd'hui. Alors j'y réfléchis et à un moment, bingo, je me dis : "bon sang mais c'est bien sûr !" Là où il y a quelque chose à raconter sur Coluche, là où il est au carrefour de choses qui le dépassent complètement, qu'il va affronter et qui vont complètement le casser en deux, bref là où il y a une dramaturgie, c'est le moment des élections. Depuis le moment où, sur un coup de tête, il décide, pour foutre la panique et s'amuser, de se présenter aux élections présidentielles, jusqu'au moment où il renonce. Ce qui se passe pendant ces quelques mois l'a transformé profondément, lui a fait perdre de la légèreté, de la grâce, de l'insouciance, lui a fait connaître le tourment. Et là pour moi il y avait soudain un film sur un homme confronté à ses contradictions, à la réalité, sur une toile de fond politique qui à mes yeux a une résonance aujourd'hui et à ce moment-là, finalement, j'ai dit oui aux producteurs."