Louise Pauline Mainguené naît à Paris dans le 13ème dite Louise Sylvie. Après ses études, elle devient l'élève de Eugène Silvain, célèbre comédien de la Comédie-Française de 1878 à 1928. Remarqué par André Antoine, directeur du Théâtre de l'Odéon, il va en faire l'une des vedettes de la scène parisienne, dans des rôles de filles débrouillardes ou d'ingénues. Malgré quelques apparitions dans des films muets dont «Britannicus» (1912) de Camille de Morlhon et «Germinal» (1913) de Albert Capellani, elle poursuit sa carrière théâtrale en jouant des dizaines de pièces de Boulevard, portant peu d'intérêt au cinéma.
En 1934, c'est enfin Pierre Chenal qui convainc la déjà cinquantenaire Louis Sylvie de jouer le rôle de la veuve Catherine Ivanova dans son adaptation du roman de Féodor Dostoïevski «Crime et châtiment». Pour Chenal, elle reprend la robe de deuil dans «L'affaire Lafarge» (1937), aux côtés de Erich von Stroheim et Marcelle Chantal. Dès lors, sa fine silhouette, son œil clair et lumineux, occupent une place importante dans le cinéma français et en faire l'un des plus grands seconds rôles féminins de l'écran.
Louise Sylvie, ou plus simplement Sylvie, va tourner dans une cinquante de productions où chacune de ses prestations sont de vrais moments d'anthologie. Elle est l'ancienne comédienne de théâtre coquette et envieuse pour «Un carnet de bal» (1937) de Julien Duvivier. Pour le même cinéaste elle devient une actrice sans gloire qui essaie de confondre l'imposteur Louis Jouvet dans la maison de retraite de «La fin du jour» (1938). Elle revient à l'habit de deuil pour incarner une mère justicière dans «Le corbeau» (1943) de Henri-Georges Clouzot, puis endosse celui de religieuse pour être La Prieure dans « Les anges du péchés » (1943) de Robert Bresson. Edmond T. Gréville en fait une Baronne dans «Pour une nuit d'amour» (1945), Jean Grémillon la transforme en vieille bretonne dans «Pattes blanches» (1948) et Marcel Carné lui offre un rôle mémorable, celui de la belle-mère haineuse de Simone Signoret dans «Thérèse Raquin» (1953). Parmi ses autres prestations de garces ou d'aïeules attendries qui la rendirent célèbre, nous pouvons citer: la mère aveugle de Bernard Blier dans «Marie-Martine» (1942); la maîtresse d'école du «Petit monde de Don Camillo» (1951); la justicière Laetitia Bollini dans «Nous sommes tous des assassins» (1952); Euryclée la nourrisse du Roi D'Ithaque «Ulysse» (1954) interprété par Kirk Douglas; Marfa la mère résignée de Curd Jürgens alias «Michel Strogoff» (1956), l'odieuse belle-mère de Michèle Morgan dans «Le miroir à deux faces» (1958) et l'humble grand-mère du «Journal intime» (1962) de Valerio Zurlini.
L'actrice travaille également un peu pour la télévision. Elle est notamment Lady Hodwin dans «Belphégor», la série qui fascina les téléspectateurs en 1965. Louise Sylvie devient enfin une vedette de cinéma avec «La vielle dame indigne» (1964) de René Allio, l'histoire de l'émouvante Madame Bertini qui, se retrouvant seule après la mort de son époux et l'éloignement des ses enfants, décide de vendre tout ses biens et de profiter des deniers jours qui lui restent à vivre. La critique américaine ne se trompe pas sur son talent en lui décernant un prix d'interprétation en 1967. Comblée par son vedettariat et les honneurs, elle se retire à Compiègne où elle meurt le 6 janvier 1970.