- Nouvelle version Rome ville ouverte
Film en N & B.
Date de reprise le 30 juin 2021.
Récompense :
Grand Prix au premier Festival International de Cannes en septembre 1946 (11 films ex-aequo pour cette récompense).
Le néo-réalisme après la propagande fasciste :
Roberto Rossellini réalisa des films dans le cadre de la cinématographie propagandiste du régime fascite, de 1941 à 1943. Lorsque le pouvoir de Mussolini s'effondre en 1943 et que l'Italie est libérée par les Alliés, Rossellini prend ses distances avec la cinématographie officielle et s'engage, de 1944 à 1948, dans la réalisation de films à la gloire du combat du peuple et de la résistance italienne contre l'idéologie fasciste et nazie. Même s'il y a un antagonisme idéologique - souvent dénoncé - entre l'oeuvre " fasciste " de Rossellini et son oeuvre " néo-réaliste ", nombre d'historiens du cinéma, ainsi que le cinéaste lui-même, s'accordent à penser qu'il y a une continuité formelle, notamment par l'option réaliste des faits qu'elles représentent.
La naissance du néo-réalisme :
Rome ville ouverte est traditionnellement considéré comme l'acte de naissance du "néo-réalisme italien". Ce mouvement artistique et politique, qui s'étendit du milieu des années 40 au milieu des années 50, bénéficia d'un retentissement considérable dans le monde entier. Il ne peut être compris que dans le contexte d'une Italie fragilisée par la guerre et le régime de Mussolini. Après dix ans de fascisme, pendant lesquels le cinéma italien fut mis au service de la propagande à travers des grosses productions allégoriques et coupées du réels (mouvement dit du "calligraphisme", qui s'attachait essentiellement à la forme picturale au mépris de tout souci réaliste), les cinéastes ressentent le besoin de s'émanciper. Aussi braquèrent-ils leur caméra sur la réalité sociale d'après-guerre avec un regard brut, immédiat et sans artifice.
Si Rome ville ouverte est le manifeste officiel du néo-réalisme, le mouvement puise toutefois sa source dans plusieurs expériences antérieures. Le cinéma réaliste italien d'avant 1915 (lui-même inspiré du "vérisme", courant italien dont le romancier Giovanni Verga fut le plus illustre représentant à la fin du XIXème siècle) ouvrait la voie tandis qu'au début des années 1940, plusieurs films portèrent un regard attentif sur le réel : Quatre pas dans les nuages (1942) d'Alessandro Blasetti, Les Enfants nous regardent (1944) de Vittorio De Sica. Mais c'est Ossessione (1943) de Luchino Visconti qui marque un véritable tournant annonciateur ; le film est une adaptation du roman Le Facteur sonne toujours deux fois fortement ancrée dans la réalité sociale italienne. C'est d'ailleurs à l'occasion de ce film que le terme de "néoréalisme" fut lancé par le chef monteur lorsqu'il visionnait les rushes.