- Oeuvre de Gladys Huntington.
Des sources d'inspiration multiples :
Le cinéaste René Féret explique que sa volonté de porter à l'écran une histoire d'amour incestueuse entre un frère et une sœur lui vient de son attirance pour la gémellité, mais pas seulement. Il a également lu de nombreuses œuvres sur le sujet, comme il le dit lui-même : "J'ai longtemps pensé à "L'Elu" de Thomas Mann. Puis au roman français anonyme du 15ème siècle qui a inspiré Thomas Mann. J'ai lu pas mal d'œuvres sur ce thème dont "Anna, Soror" de Yourcenar. Yourcenar m'a fait découvrir le roman oublié de Gladys Huntington". Et c'est justement ce fameux roman oublié qui a déclenché chez le réalisateur une véritable envie : "Je tenais l'interdit, la société, le film à costumes et la pudeur anglo-saxonne", déclare-t-il.
L'ombre d'un secret :
Le réalisateur aime à travailler la thématique du secret qui pèse comme une ombre et un carcan sur les individus. Ainsi, en 1985 déjà, dans Le Mystère Alexina, René Féret avait abordé le sujet en se basant sur la vie d'une hermaphrodite forcée de se conformer à la norme sociale, tandis qu'aujourd'hui, avec Madame Solario, il pose le problème des amours interdits, toujours en référence à cette norme.
Les contraintes du film d'époque :
Le film, dont l'action se déroule au début du XXème siècle, a été tourné entièrement en costumes. Comme l'explique le cinéaste, cela implique une somme de travail très importante, car en choisissant de faire évoluer les personnages dans une époque révolue, il est évident que les références contemporaines deviennent obsolètes. René Féret déclare à ce propos : "Dans un film d'époque, les références à la réalité contemporaine ne nous servent à rien. Il devient clair qu'on doit tout créer de a à z. Ainsi, aucune place n'est laissée aux clichés de la vie réelle, et les jeux des acteurs ne peuvent plus se nourrir des habitudes du «naturel»". Se réinventer, voilà l'exercice périlleux auquel se sont livrés acteurs et réalisateur pour mener le projet à bien.