Un style visuel peaufiné :
Le directeur de la photographie et la chef décoratrice ont tous deux travaillé l'univers du film avec la réalisatrice. Ils expliquent l'intérêt du travail des lieux pour un film surréaliste : « J'ai un penchant pour le naturalisme donc je cherche toujours dans l'espace du décor les éléments qui vont permettre au scénario ou au story-board de prendre vie », précise le directeur de la photographie. « Ce que l'on peut faire d'un lieu dépend de la créativité de chacun.»
Et la chef décoratrice d'ajouter : « Donner vie à un scénario aussi complexe, avec un budget relativement faible, requiert beaucoup d'ingéniosité et de débrouillardise, comme de fabriquer à la main des objets futuristes à partir de pièces de quincaillerie ou de bénéficier des dons de fournisseurs. Avec le concours de chaque département, nous avons abouti tous ensemble à parfaire un style visuel unique. Ames en stock reste pour moi l'exemple parfait de ce qui peut être accompli lorsque l'on unit créativité, passion et collaboration au-delà des considérations budgétaires ».
Une admiration et une satire russe :
En plus d'un clin d'œil au public russe quand Sveta, l'épouse d'un mafieux, croit s'être implantée l'âme d'Al Pacino dont les russes sont fans, plusieurs personnages et lieux du films sont, soit une satire, soit un hommage à la Russie et aux russes : « J'ai toujours adoré la littérature russe, Tchekhov donc et son Oncle Vania que j'ai dû lire une vingtaine de fois, mais c'est vrai que j'avais également envie de flirter avec les clichés : l'idée de l'âme russe tourmentée en est un qui s'accordait au ton satirique du film. Après avoir inventé le trafic d'âmes, comme il en existe pour les organes ou la drogue avec les mules, j'ai trouvé que la Russie s'y prêtait parfaitement et l'idée qu'il y ait là-bas un surplus d'âmes convoité par des Américains me séduisait. Ensuite, Andrij Parekh, le directeur de la photographie, est d'origine ukrainienne et nous avions déjà réalisé ensemble un court-métrage à Kiev. J'ai toujours été attiré esthétiquement par Saint-Pétersbourg qui est la ville des grands poètes russes. J'ai voulu imprimer à cette seconde partie du film un rythme plus contemplatif et mélancolique. Je ne voyais pas comment parler de l'âme sans cela. »