Il s'agit d'un film documentaire consistant en une suite de scènes tournées dans le Sud-Est asiatique. Réalisé à grands moyens, accompagné d'une riche bande sonore, ce n'est pas tant une enquête ethnographique qu'un « poème visuel » où « le pittoresque, l'inattendu, l'étrange, atteignent à une sorte de grandeur épique », selon Jean de Baroncelli. Dans son célèbre recueil d'essais Mythologies, Roland Barthes livre une analyse critique des intentions qui sous-tendent ce film. Selon lui, sous couvert de privilégier un exotisme de carte postale, Continent perdu revient à le banaliser : « colorier le monde, c'est toujours un moyen de le nier ». Barthes fait aussi le lien avec la Conférence de Bandoeng, tenue la même année que la sortie du film, dans la même région du globe, et qui marque l'apparition du mouvement des pays non-alignés du Tiers-monde : « Il ne peut être innocent de perdre le continent qui s'est retrouvé à Bandoeng. »