Note d'intention :
Pour Eran Merav, Zion et son frère se veut être un film au message universel. "Il ne se déroule pas dans un lieu précis et n'est pas écrit dans un langage cinématographique spécifique, explique le réalisateur. Il pourrait se passer n'importe où dans le monde. Cependant, il s'inscrit dans le contexte local israélien."
Au départ, Eran Merav recherchait une histoire qui puisse se dérouler dans le climat social qui caractérise son univers, autrement dit une société qui rejette ses immigrés et où règnent le désespoir et la précarité. "Une société où, sur fond d'une interminable guerre d'usure, la vie a peu de valeur et l'identité du pays change tous les dix ans ou presque, ajoute-t-il. Je me suis mis en quête d'une histoire liée aux difficultés économiques que nous traversons, comme, dans ce cas-là, un gamin à la recherche d'une paire de chaussures. J'ai l'impression que l'intrigue a déterminé le style de la mise en scène. J'ai trouvé une histoire simple, réaliste et brutale qui n'a rien de sensationnel."
L'être humain au centre du film :
Eran Merav a envisagé une mise en scène qui place l'être humain au centre de ses préoccupations et qui respecte sa personne, "sa condition modeste, son authentique vulnérabilité et la conscience qu'il a de ses limites." "Un être humain perdu au milieu d'immeubles qui s'étendent à l'infini, poursuit-il. Où la mer, qu'on ne peut pas voir à cause des ponts et des tours, est son ultime refuge. Un être humain assailli par un soleil aveuglant qui ne lui laisse aucun répit. J'ai voulu dépeindre ce monde de manière aussi réaliste que possible, sans en atténuer l'âpreté."
Eran Merav a utilisé aussi bien des comédiens non professionnels que des professionnels, et a tourné en décors et en lumières naturels par souci de réalisme. "J'ai cherché à filmer la dureté de ce monde avec compassion et amour, confie le cinéaste. L'acteur est au centre de ce monde et au coeur du regard de la caméra."
Le soleil, un personnage à part entière :
"L'été touche à sa fin, et il fait chaud et moite, évoque Eran Merav en parlant du soleil, qui représente un personnage à part entière dans son film. La température ne baisse pas. Le soleil assèche tout : la terre, les rues, les voies ferrées. On est abasourdi par la canicule : elle est terrible, violente et même cruelle. Le soleil de cette fin d'août ne vous lâche pas. Il est témoin de tout ce qui se passe. C'est un témoin muet, y compris devant le spectacle le plus barbare qui soit : le meurtre. Comme dans "L'Etranger" de Camus, où les protagonistes ne peuvent jamais échapper à ses rayons implacables. Il est peut-être à l'origine de tout ce qui se passe. Peut-être que le soleil est en fin de compte responsable de la mort du petit Ethiopien."