Un voyage et un titre métaphoriques :
Le voyage difficile de Mamo, représente selon le réalisateur Bahman Ghobadi les problèmes avec lesquels doivent se confronter les artistes en Iran : "Je me suis autocensuré en croyant qu'ainsi le film aurait pu arriver sur les grands écrans d'Iran, mais malgré cela on ne m'a pas donné la licence pour présenter mon film dans mon pays". Le choix du titre est également significatif : la situation par rapport à ce que Bahman Ghobadi dénonce (les difficultés des artistes, des femmes et des minorités) s'améliore, mais il reste un côté encore sombre qui n'est pas touché par la lumière, d'où cette moitié de lune qui reste dans l'obscurité ("half moon").
La défense de la liberté des femmes :
Half moon est l'histoire d'un vieux musicien kurde qui part avec ses fils d'un village dans le Kurdistan iranien pour donner un concert dans le Kurdistan d'Irak. Mamo, le vieux chanteur, veut aussi que Hesho, la voix d'une femme, soit des leurs. La femme vit dans un village isolé avec d'autres chanteuses exilées. L'image du village des chanteuses cachées est une puissante métaphore pour critiquer le machisme ambiant qui interdit aux femmes de chanter en public en Iran. Le réalisateur explique que "les femmes peuvent seulement chanter en groupe et seulement pour un public féminin".
Musique et Frontières, des thèmes de prédilection :
Le second film de Bahman Ghobadi, Les Chants du pays de ma mère, raconte l'histoire d'un chanteur et de ses deux fils qui partent à la recherche de la première femme du vieil homme. Cette quête les conduit à travers un Kurdistan irakien dévasté par la guerre et les exodes. Les trois personnages principaux sont des acteurs amateurs, mais des musiciens professionnels. Dans ce film, la musique et les chants sont très importants, et le spectateur qui ne comprend pas le Kurde passe à côté d'une dimension importante du film. Ce thème du chant est également le sujet central de Hafl moon. Comme dans Un temps pour l'ivresse des chevaux, les personnages franchissent des frontières. Un thème omniprésent dans les films de Bahman Ghobadi : "Ionesco a écrit que le temps est le pire ennemi de l'homme ! Pour moi, le plus grand ennemi de l'homme, ce sont les frontières. Elles ont été imposées aux Kurdes par les Grandes Puissances. Je hais les frontières", explique le réalisateur.