Fiches triées par date de sortie

Arsenal (1929)

Ianvarskoie vostanie v kieve 1918 godou

Historique | 70 Min | Russie

Réalisateurs : Alexander Dovzhenko

Infos sur le film

------
Partenariats
Avec Cociné, retrouvez ce film au cinéma !
Pub Google

Synopsis

Le film est basé sur l'histoire de la révolte survenue à l'usine "Arsenal" à Kiev en janvier 1918, menée par les Bolcheviks pendant la guerre civile russe en Ukraine.

Partager:

En savoir plus sur ce Film

Film en N & B et muet.



Un peu d'histoire :


En 1918, tandis que la Première Guerre mondiale entrait dans sa cinquième année de conflit, les tentatives de paix entreprises par le pouvoir soviétique issu de la révolution n'avaient pas pour autant signifié le dépôt des armes et la fin des violences dans l'ancien Empire russe. Le traité de Brest-Litovsk, signé le 3 mars 1918 par les empires allemands et austro-hongrois, la Russie soviétique et l'Ukraine indépendante, entraîna l'occupation des régions occidentales de l'ancienne Russie impériale, correspondant aux pays baltes, à la Pologne, l'Ukraine et la Biélorussie occidentale actuels. Près du quart de l'ancienne population russe eut ainsi à subir une occupation militaire brutale à laquelle seule le retrait des armées des empires centraux mit fin à partir du 11 novembre. Ces mois d'occupation


s'imbriquèrent dans une guerre civile dont l'Ukraine avait déjà eu à subir les premiers feux en janvier 1918, et qui opposait de nombreuses forces militaires et sociales : armées rouges, favorables à un pouvoir soviétique, armées nationalistes ukrainiennes, armées blanches nationalistes russes opposées à une sécession de l'Ukraine, et armées insurgées paysannes. Mais l'occupation austro-allemande marqua le basculement entre une opposition politique poussée à l'extrême et accompagnée de heurts armés, et une guerre civile intransigeante, où la mobilisation totale de la société s'accompagna de tentatives tous azimuts de contrôle et de purification du corps social.


L'Ukraine passa ainsi d'une mobilisation dans le cadre d'une guerre totale marquée par des antagonismes nationaux et patriotiques radicalisés, à une guerre entre voisins. Malgré une certaine archaïsation des combats dus à une rapide dégradation de l'industrie de guerre et de l'économie en général, la guerre civile en Ukraine se distingue par une réutilisation de l'arsenal forgé pendant la Grande Guerre, avec un degré de violence immédiatement élevé, notamment dans l'encadrement des civils. Nicolas Werth a notamment souligné comment cette perspective avait été mûrie par les bolcheviques, au premier rang desquels Lénine, dont la tactique visait explicitement dès 1914 à


« la transformation de la guerre en guerre civile ».Ce basculement avait été marqué par la réutilisation des


organes étatiques de la Première Guerre mondiale au profit d'une mobilisation totale de la société en vue de la guerre civile et d'une propagation de la révolution au-delà des frontières de la Russie soviétique.


La violence de la guerre ne s'est toutefois pas déployée seulement du haut de l'Etat. Les années 1917-1922 sont marquées par une crise et une vacance de l'autorité presque généralisée, et entretenue par la mouvance des fronts militaires, qui voient par exemple Kiev changer de mains une quinzaine de fois en quelques années, alternant pouvoirs bolchevique et antibolcheviques, austro-allemand ou polonais. Le basculement vers la guerre civile fut aussi un phénomène d'éviction de l'Etat du contrôle de la guerre au profit d'une violence endémique et autonome.


Celle-ci peut s'envisager sous trois angles. Elle est due en particulier à une délégitimation de l'Etat en raison des exigences des armées d'occupation et de leurs politiques de prédation généralisée, notamment dans les campagnes. Les résistances provoquées chez les paysans conduisent à une escalade de la violence des affrontements et fourbissent ainsi les armes de la guerre civile en instaurant une disposition durable à des conflits armés pour s'opposer à l'Etat. La transition entre la guerre mondiale et la guerre civile peut ainsi être appréhendée sous ce deuxième aspect d'une greffe des techniques de guerre modernes sur les conflits politiques et sociaux. Ces derniers, avivés par la révolution en 1917, préexistaient à l'occupation ; mais la présence des occupants est venue radicaliser des tensions proprement ukrainiennes. Un dernier aspect, enfin, peut servir de révélateur au


déplacement des logiques de guerre moderne vers un conflit interne : le rapport aux traitres et plus généralement aux éléments du corps social récalcitrants à une mobilisation totale, qui sera ici notamment envisagée à travers le cas des populations juives. Les exigences sécuritaires des armées austro-allemandes ont ainsi participé d'un phénomène plus global de stigmatisation des minorités juives d'Ukraine, qui débouchèrent en 1919 sur une vague de violences antisémites sans précédent dans la région et seulement surpassée en intensité par la Shoah.


Newsletter

Inscrivez vous pour pouvoir télécharger les dernières fiches et dernières nouveautés