Alfred Hitchcock s'arrangera presque toujours pour apparaître dans ses films.
Dans une rue de New York lorsque la voiture du saboteur s'arrête. 60ème minute.
Idée originale de :
S'il n'en a pas écrit le scénario, La Cinquième colonne est adapté d'une idée d'Alfred Hitchcock sous l'impulsion de David O. Selznick qui souhaitait produire le film. Jugeant le scénario final trop médiocre, Selznick a tenté de le revendre à plusieurs sociétés de production. C'est finalement Frank Lloyd qui a récupéré le script et qui a lancé la production avec Universal Studios.
Film de propagande pour l'effort de guerre :
La Cinquième colonne est entrée en production fin 1941, en pleine Seconde Guerre mondiale, au moment de l'attaque de Pearl Harbor, évènement qui entraîna l'entrée des Etats-Unis dans le conflit. De nombreuses scènes prévues dans de véritables usines ont dû être finalement tournées en studio, les lieux étant massivement utilisés pour la production militaire.
Un peu d'histoire :
Les victoires soudaines et stupéfiantes de l'Allemagne en Norvège, aux Pays-Bas, en Belgique et avant tout en France, ont donné aux populations le sentiment que des conspirations expliquent une partie du succès des Allemands. La coupable est rapidement identifiée, c'est la politique libérale d'immigration de la France et son accueil de réfugiés-espions. Le mythe de la « cinquième colonne » est né. Il va faire rage, engendrant la méfiance malsaine de son voisin et une véritable hystérie collective. Cet affolement irrationnel va traverser l'Atlantique, soulevant une profonde aversion envers les réfugiés d'Europe, ceux qui sont déjà arrivés comme ceux qui cherchent à échapper aux griffes de la Gestapo. Les Juifs sont les plus nombreux concernés.
Avec son autorité, son prestige, sa crédibilité, le président Roosevelt attise cette peur irraisonnée. Au cours d'une causerie au coin du feu, publiée par le New York Times le 26 mai 1940, il assure qu'« aujourd'hui notre sécurité n'est pas seulement menacée par des armes militaires. Nous connaissons les nouvelles méthodes d'attaque, le cheval de Troie, la cinquième colonne qui trahit une nation qui n'est pas préparée à la traîtrise. Les espions, les saboteurs et les traîtres sont les acteurs de cette nouvelle stratégie. Avec tous nous devons agir et nous agirons avec vigueur ».
Au cours d'une conférence de presse le 5 juin, Roosevelt précise que des réfugiés-espions sont recrutés par le gouvernement allemand sous la menace. « Vous devez vous acquitter de telle mission d'espionnage et si vous ne faites pas des rapports réguliers à des agents dans le pays où vous allez vous établir, nous sommes tout à fait désolés mais nous seront forcés d'arrêter et de fusiller votre vieux père ou son épouse ». Le président continue : « Les réfugiés doivent être contrôlés parce que, malheureusement, parmi eux il y a des espions. (…) Tous ne sont pas des espions volontaires. (…) Parmi les réfugiés juifs, il s'est trouvé, sans risque d'erreur, nombre d'espions ». Une des rares fois, avant 1944, où Roosevelt évoque des « réfugiés juifs », il les accuse publiquement d'être des instruments de la subversion.
L'opinion publique lui emboîte le pas. Un sondage d'opinion publié par le magazine Fortune en juillet 1940 montre que 70% des Américains pensent que l'Allemagne est en train de constituer une cinquième colonne aux Etats-Unis