Film en N & B.
Du long au court-métrage :
Deux ans après L'Ange exterminateur, le producteur Gustavo Alatriste séduit, propose à Luis Buñuel de réaliser un film au Mexique sur l'étonnant personnage de Saint Siméon Stylite, un ermite du quatrième siècle qui passa plus de quarante ans au sommet d'une colonne, dans un désert de Syrie. Depuis sa lecture de La Légende Dorée, sur les conseils de Federico García Lorca, le cinéaste pensait à cette histoire. Il écrivit un scénario complet destiné à un long-métrage mais certaines scènes durent être supprimées en raison des difficultés financières du producteur. Coupé de moitié, le film se termine ainsi de manière un peu abrupte. Il obtient néanmoins cinq prix au festival de Venise, ce qui n'est le cas d'aucun autre des films buñueliens. "Il ne se trouva personne pour recevoir ses prix", raconte ce dernier, qui avoue voir dans Simon du Désert une possible première rencontre des deux pélerins de La Voie lactée, sur le chemin sinueux de Saint-Jacques de Compostelle.
Un homme libre :
Dans un entretien avec Tomás Pérez Turrent et José de la Colina, Luis Buñuel définit la liberté comme "un fantôme de brume" que "l'homme poursuit et croit attraper, [alors qu']il ne lui reste qu'un peu de brouillard dans les mains". Simon du désert est en revanche selon le réalisateur, "l'homme le plus libre du monde (...) parce qu'il a et fait ce qu'il veut, sans rencontrer d'obstacles. Il est tout là haut sur une colonne et mange de la laitue. La liberté totale" , affirme t-il. Attiré par les personnages aux idées fixes, le cinéaste espagnol avoue se reconnaître en eux.
Buñuel et la religion :
S'il a interprété un bourreau dans La Charge des brigands de Carlos Saura, Luis Buñuel a eu l'occasion de se glisser sous la soutane d'un homme de foi dans Il n'y a pas de voleurs dans ce village d'Alberto Isaac, en 1965. Le réalisateur avoue avoir joué sans conseil et sans expérience ce rôle "de prêtre et non de saint" qui l'aurait en outre "tué en tant qu'acteur". Son rapport à la religion est essentiellement culturel en ce qu'il est chrétien en raison d'une éducation qui a marqué sa vie, au point de lui donner envie de retrouver certaines sensations et émotions religieuses de son enfance telles que la liturgie du mois de mai, les acacias en fleurs ou l'image de la Vierge entourée de cierges.